Nous sommes le 15 juin et c’est le grand jour, c’est le début de la coupe du monde (bon, d’accord, ça a commencé la veille), la fin de notre périple au Pérou et le début de nos aventures en Colombie.


Après avoir regardé un Espagne-Portugal de tous les diables, tout est prêt, nous nous dirigeons vers l’aéroport. On reprend la même compagnie (on avait acheté un billet avec stop-over à Lima). Notre avion est à 19h30, nous arrivons à l’aéroport à 16h. Encore une fois, on est large. Cette fois, on se met directement dans la file pour enregistrer nos bagages (on a déjà nos boarding pass imprimés et tout) histoire de ne pas avoir de blague. L’enregistrement prend longtemps, très longtemps... Beaucoup de personnes n’ont que des bagages à main, tous sont pesés et la taille de chaque bagages est vérifiée au millimètre près (à coté de ça, Ryanair est super permissif). Du coup, les gens commencent à s’habiller et mettre toutes leurs couches sur eux. Il y en a même qui pensent abandonner des vêtements le long de la file. Nous, on est tranquilles, on a nos bagages en soute, on a imprimé nos tickets, on se permet même de rassurer un colombien devant nous « non, quand même, là, ça va passer… - à propos de son sac qu’il ne savait plus comment compresser).


C’est enfin notre tour, on a notre billet imprimé, nos sacs sont de la bonne taille et du bon poids (ouf).

Hôtesse : «Combien de temps comptez vous rester en Colombie ? »

Nous (commettant là un impair que nous allions payer cher): « ben on ne sait pas trop, on verra, 1 mois, 2 mois... »

Hôtesse : « Quand est votre billet de sortie ? »

Nous : « Un billet de sortie ? Ben, on n’en a pas, on voyage en Amérique du Sud et on ne sait pas combien de temps on va rester en Colombie... »

H : « Je ne peux pas vous faire entrer dans l’avion si je ne sais pas quand vous allez quitter la Colombie ». (notez l’absurdité de cette position au moment d’enregistrer les bagages alors que sans ça, on allait tranquillement à la porte d’embarquement avec nos boarding pass déjà imprimés...)

N : « Mais mais mais mais mais...non ! Vous n’êtes pas la douane, ce n’est quand même pas votre problème si on se fait jeter à l’arrivée... »

H : « C’est la politique de la compagnie, c’est comme ça » (le tout dit avec la sympathie d’un coupeur de tête charentais! )

Nous : « Mais on n’a rien nous, qu’est-ce que vous voulez qu’on fasse ? »

Hôtesse : « Je vais voir ce que je peux faire, en attendant, attendez ici »


Bon, encore une fois, on est assez stressés. On se rappelle qu’on avait lu des articles sur ce problème avant de partir. Certaines compagnies ne vous laissent pas embarquer dans leur avion sans billet de retour car si l’immigration vous remballe, ils doivent vous renvoyer sur le lieu d’origine à leur frais. Du coup, ils vous arrêtent avant. D’ailleurs, pour notre vol vers Quito, Pierre avait contacté l’ambassade d’Équateur à Bruxelles pour être sûr qu’on n’avait pas besoin de billet de sortie. Mais là, 6 mois plus tard, ça nous était complètement sorti de la tête…


Mais ça ne règle pas notre problème. On se rappelle qu’il y a des sites qui proposent de vrais faux billets d’avion, justement pour contrer ce problème. On retrouve le site en cherchant dans nos mails, on tente de faire fonctionner le système (tout ça au milieu de la file d’enregistrement de l’aéroport), avant de constater qu’il faut payer 20€ par billet et qu’il faut attendre 24h... là on n’a pas 24h !!! Il y a un autre site en anglais mais l’ergonomie est tellement mauvaise que ça paraît impossible d’avoir quelque chose dans les temps.


Vers 17h15, la madame qui nous a dit qu’elle allait faire son possible revient vers nous et nous dit qu’il n’y a pas de solution, il faut un billet de sortie. La bonne blague, elle nous rappelle que dans 20 min c’est la fin de l’enregistrement et que si on n’en n’a pas à ce moment là c’est fini pour nous…(voilààààà, c’est finiii...)

On cherche, on cherche, et vers 17h55, Clara trouve un billet de bus Cali - Quito pour 400 soles (100 euros) remboursable. On achète en moins de deux, on va au guichet, la madame regarde à peine et nous dit, ok c’est bon ! Ouf


Pendant notre période « stress-recherche », on rencontre également 3 français qui ont aussi des problèmes, mais pas les mêmes : eux ils n’ont pas imprimé leurs billets. Cela leur en coûtera 20 $ par impression... et oui, des dollars, pas des soles... Par carte ? Seulement visa...du coup si vous n’avez pas de dollars, et si vous n’avez pas de carte visa, vous devez courir trouver un distributeur ou un bureau de change (avec des frais évidement) et revenir payer. Donc récapitulons, avec vivaair, ne pas oublié :


- vérifier 20 fois son horaire de vol ;

- imprimer son boarding pass (pas juste le billet électronique)

- avoir des sacs qui ne dépassent pas d’un millimètre et qui sont au bon poids

- venir 5h à l’avance histoire de prévoir tout problème qui arrivera (même si ça ne sert à rien vu que le guichet ne sera pas ouvert plus de 2h30 avant le vol)

- avoir un billet de sortie du pays dans lequel on va ;

- parler espagnol

- parler anglais

- …

- ...

- ne pas prendre Vivair.


Bon avec tout ça, il est 6h05, l’embarquement commence dans 20 min, et on doit encore passer la sécurité (et Lima, c’est pas l’aéroport de Liège…). On court, on affone nos bouteilles d’eau, on passe la sécurité, on passe la sortie de pays et on arrive juste à temps dans la file d’embarquement, bien transpirant. On retrouve là le français qui a tenté de nous aider à trouver un vol dans la file d’enregistrement, et les deux françaises qui ont dû payer leurs 20 dollars. Les problèmes, ça rapproche !:). (pour la petite histoire, on reverra Charlène, une de ces françaises, à Médellin 1 mois et demi plus tard, alors qu’elle était en chemin pour quitter la Colombie...à l’arrivée et au départ donc !:)).


Évidemment, aucun couple ou groupe n’a des places l’une à côté de l’autre. C’est un art de séparer les gens comme ça...dans un vol à moitié vide. Ils ont peut-être un système de place payantes,… sûrement. La moitie de l’avion est coincés dans des sièges rikikis, l’autre moitié est complètement vide. Il nous semble normal de demander si on peut changer de place. Évidement, pour des raisons évidente de sécurité, chacun reste à sa place (bon, Clara ira quand même dans une rangée vide de 3 personnes des que l’hôtesse aura le dos tourné…).


Ensuite, le vol se passe calmement. On est tous fatigués de ce stress. A l’arrivée, à l’immigration, on ne nous pose aucune questions (à part si on est là en touristes ou pour affaires). Nos bagages nous attendent, on trouvera même des distributeurs de billets pour avoir des pesos colombiens.


Les autres français vont dans le même quartier que nous, du coup, on partagera un taxi (5 personnes + le chauffeur) on était un peu serrés ! Mais tous se passe bien. 25000 COP pour tout le monde (7,5 euros) ...Et oui, il va falloir nous faire à une nouvelle monnaie...


Nous arrivons dans notre Airbnb dans la Macarena qui était…. Parfait. Un Studio tout neuf dans un building tout neuf avec portier et vue sur Montserrat. Une grande terrasse à l’étage avec BBQ intégré. La télé avec Netflix (on vous dit, on commence à bien aimer glander et retrouver notre confort…;)), cuisine, machine à laver (!). Tout ça tout ça :)



Le lendemain, le 16 juin, est donc notre premier jour à Bogotá. Les gens sont effectivement sympas et accueillants. La mission du jour : trouver un endroit où voir Pérou-Danemark (c’est con hein, d’être parti du Pérou la veille du match!? Et on vous a dit qu’on avait une super télé non ? Mais pas de bol, la télévision publique (« gol gol gol, Caracol ! ») ne jouera que 32 matchs du mondial, pour les autres faut trouver un café).


En route donc vers la Candelaria toute proche, quartier touristique et animé (qu’on nous a dit), où l’on se dit qu’on ne devrait avoir aucune difficulté à trouver un endroit pour voir le match. On marche dans le quartier et autant dire qu’on n’est pas plus séduits que ça. A première vue, c’est un quartier comme un autre avec un petit espace piétonnier, quelques grands buildings et le musée de l’or…


On finira par trouver un pub irlandais tout ready pour la coupe du monde avec des écrans géants partout...mais où il n’y a personne. Et c’est dur de choisir une place quand on a l’embarra du choix (c’est le cas de le dire).


Bref, après une défaite amère et imméritée du Pérou, on se met en route pour trouver un opérateur mobile colombien. On hésite entre Claro et Movistar. On se dit qu’en même temps, ça nous fera un peu découvrir la ville à pieds. On s’aventure donc dans la ville et on tombe assez vite dans des quartiers glauques qui, même en plein jour, donne une sale impression d’insécurité. On continue (rapidement) et on finit par trouver notre « bonheur », une boutique Claro où la musique va à tout rompre, où l’animateur fait la pub d’une super promo au micro (toujours à tout rompre) et où le personnel est un peu bourré. Après plus d’une heure de fouillage et tripatouillage, Pierre a sa carte sim et son numéro. Clara va essayer d’être Movistar un autre jour : on est crevés, on est stressés, et il faut encore faire des courses de premières nécessités (hum) et rentrer. Sur le chemin, on trouvera une duvel à 12.000 (3,60 € quasi moins cher que le prix en terrasse en Belgique) et une bouteille de vin pas dégueu à 10000 (à l’heure d’écrire ces lignes, on n’est pas encore retombés sur un tel prix).


On rentrera, prendra l’apéro en terrasse et après un sandwich chic (on est quand même dans le coin bobo de Bogota), au dodo !



Le 17 juin, c’est jour d’élections présidentielles en Colombie. S’opposent Duque, le caniche d’Uribe, bien libéral comme il faut, et Santos, premier candidat crédible de gauche du pays depuis qu’il existe.


Vous connaissez l’histoire de « paf le vigile » ?

En Colombie, élections présidentielles riment avec « ley seca », la loi sèche, qui implique l’interdiction de la vente d’alcool de 18h la veille de l’élection à 6h du matin le lendemain de l’élection. Flûte ! Et re-flûte car justement, on avait invité nos compagnons de mésaventures français à boire l’apéro sur « notre » terrasse. 5 personnes doivent venir ce soir et on ne va quand même pas juste leur servir de l’eau du robinet (potable, svp bien) et du jus d’orange…


On se rend à l’Exito, un grand supermarché, l’équivalent du Delhaize chez nous, pour voir comment ça se présente. Effectivement, il y a des banderoles partout et des avis expliquant la loi seca. Partout ? Non ! Car sur un bord de rayon, des box de 3 bouteilles de vin sont en vente sans avertissement ni rien. On tente notre chance, on les embarque, elles passent à la caisse, on les met dans notre sac et là...paf le vigile ! Il nous dit que c’est la loi seca (ah bon????) et qu’on doit remballer…Caramba !


On rentre avec le reste de nos courses. Pierre ne s’avoue pas vaincu et décide de partir en quête de bières, de vin, ou d’autres brevages comportant un grados d’alcool de plus de 0,0. En route donc pour une nouvelle exploration active du quartier. Pas grand monde dans les rues. En face d’une porte ouverte, un groupe de personnes un peu louches papotent. Louches ? Ils connaissent peut-être une combine. Effectivement, après m’avoir rappelé que c’était la loi seca et avoir bien compris que je savais, la phrase magique « Gabrielllle (prénom d’emprunt), est-ce qu’on ne pourrait pas vendre des bières au jeune homme ici ? -Combien t’en veux ? Faudra au moins en prendre 6 hein, ah ah ah ! - Boh, ben une douzaine... ». S’en suit toute une discussion sur le fait que je dois fermer ma gueule sur l’endroit où je les ai achetées, sur comment les emballer pour qu’on ne les voie pas, sur à quel point c’est pas sûr de se promener seul dans ce quartier...mais j’ai eu droit à une bière pour la maison… Le paquet ficelé, deux des louches se proposent pour m’ « escorter ». Hum, ils viennent de me dire que c’est un quartier pas sûr et ils sont louches, je n’ai pas vraiment le choix mais tout sympas qu’ils sont, je me demande s’ils ne vont pas m’amener dans un endroit glauque et me dépouiller de mes pauvres petites bières et de mes malheureux petits pesos. Au final, tout roule, on papote et ils me laissent une fois qu’on a passé le commissariat et qu’ils savent que je ne vais pas me faire chopper par la police...sympas:)


Une fois les bières déposées, en allant chercher le jus d’orange, on se rend compte qu’il suffisait de descendre à l’épicerie du coin et papoter avec la madame pour avoir du vin ^^


S’en suit une très chouette soirée apéro-pizza-digestif entre francophones (on est 8 au total), qui finit passé minuit sur notre super terrasse. Ça faisait longtemps, ça fait du bien, c’est cool !



Le 18 juin, il y a 203 ans, l’aube se lève sur la plaine de Waterloo, les soldats de l’Empire sont fatigués d’une marche forcée, les canons s’enlisent dans le sol détrempé par les pluies de la nuit passée, les bottes font « flotch flotch », une bataille cruciale pour l’avenir de l’Europe va bientôt commencer...Ce paragraphe ne racontera pas cette histoire. Mais plutôt le fait qu’en 2018, le 18 juin, c’est le jour de Belgique-Panama. Bien qu’il soit joué sur notre super télé de 3 mètres 50, on a fixé rendez-vous avec un couchsurfer pour voir le match puis faire une visite de la ville.


Pas facile de trouver un chouette endroit où voir le match à 10h du matin. On finit par trouver une espèce d’épicerie qui fait aussi snack et qui propose le match. Ouf, on a gagné ! (même si ce n’était pas super rassurant).


On découvre ensuite un peu mieux la Candelaria : en fait, les rues intéressantes sont situées un peu plus haut, des rues pleines de graffitis (heureusement, celui de Justin Bieber a été effacé) et de boutiques et de bars un peu bobos. C’est sympa.



Clara, ayant mal aux pieds, laissera Pierre continuer la promenade avec Gabriel (vrai prénom cette fois), notre couchsurfer.


Un soir, nous retrouverons nos amis français pour boire quelques cuba libre et aller danser. On progresse doucement en salsa ( doucement on a dit ;-) ). C’est encore une fois l’occasion de voir que Bogota n’est pas une ville très sûre. En allant chercher des cigarettes, un des français (on vous a déjà dit que tout les français rencontrés fumaient?), s’est fait « agresser ». Bon l’agression était d’un gars avec un couteau tout tremblant et on était un groupe d’une quinzaine de personne à 100 mètres prêt à lui venir en aide au besoin (si on n’avait su ce qui se passait, ce qui n’était pas le cas) … mais quand même. C’est la seule ville de tout notre voyage jusqu’à présent (lire, début août) où on a eu peur et où l’on s’est senti autant en insécurité...


Lors de notre séjour, on aimerait un peu mieux comprendre le pays (classique). C’est que regarder Narcos, c’est bien, ça donne une idée mais on a l’impression que c’est pas tout (sans blague^^) Pour cela, on se rend au musée National...qui n’est pas top, et qui ne nous en apprendra pas vraiment plus sur l’histoire du pays.

Pour cela, il nous faudra attendre de faire le « Free Walking Tour » de la ville, qui est vraiment bien fichu. (Et le monsieur, il nous a dit, qu’en effet, Narcos suivait assez bien l’historique des faits). Avec ce tour, on a enfin un bon premier aperçu de la ville et de l’histoire du pays. Malheureusement, on est déjà le 20 juin et on a prévu de quitter Bogota le 22.. du coup on ne profitera pas trop des bonnes adresses connues lors de ce tour.



A la fin du tour, on reçoit un bracelet de réduction. On en profitera l’après-midi. Premier arrêt, un magasin d’émeraude, où on a droit à un petit « workshop » d’une quinzaine de minutes pour nous expliquer les différentes émeraudes, leurs qualités etc. A la fin, on a même droit à notre petite émeraude non taillée.


Pour continuer dans le thème, on se rend au musée de l’émeraude. Pas mal, surtout quand c’est gratuit...La visite guidée est comprise, ainsi que l’arrêt au magasin…

Pour la suite du programme, c’est un gros morceau : le musée de l’or ! Un beau grand musée, bien fait, de chouettes explications autant sur le travail de l’or que sur les différents usages et rituels impliquant des objets en or. Mais là, on commence à être réellement crevés, du coup on n’en profitera pas à sa juste valeur.



Le 21 juin, on prie pour le Pérou en regardant le match France-Pérou dans un resto bobo de la Magdalena (là où on loge). Dépités après le match, on se dit qu’il faut quand même bien faire quelque chose et on s’en va vers Montserrat. C’est une colline qui surplombe la ville, on peut s’y rendre en funiculaire ou en téléphérique. On n’y était pas allés plus tôt car il y a beaucoup de nuages et une petite pluie fine régulière. Et là, c’est le moment ou jamais car on quitte la ville le lendemain. On y monte, c’est bien joli. On peut voir l’étendue de la ville (de 10 millions d’habitants quand même ...) d’un côté et l’étendue de la foret de l’autre. On y rencontra des américains et un hollandais qu’on retrouvera plus tard.


On se trouve également un café pour voir la raclée prise par les argentins par les croates.


Le soir, après avoir bu quelques bières avec nos amis de Montserrat, direction la dernière attraction que l’on veut faire dans la ville : le planétarium. Il y a justement une animation sur les Beatles. C’était pas mal, mais pas extraordinaire non plus, un peu un écran de veille de windows 98.



Épuisés (c’est dur la vie quand même), on rentre dormir pour la dernière fois dans notre chez loft.


Le 22, on se lève tranquillement, on fait nos sacs et l’on se rend à la gare des bus pour aller vers Tunja.


PS : On a bien été remboursés de nos 800 soles des billets de bus :-) ouf !