On a donc réservé notre trip vers la cité perdue. Il est prévu pour 5 jours, pouvant être ramenés à 4 si on le sent bien.


Ainsi, le 24 août 2018, à 8H15, un peu stressés, nous nous mettons en route pour nous rendre à l’agence Wiwa de Santa Marta. Là-bas, on rencontrera deux de nos compagnons de route, des québecois sympas, ainsi que notre guide wiwa : « José ». Les Wiwas sont une ethnie indigène de Colombie qui vivent dans la Sierra Nevada de Santa Marta. Il y a trois autres ethnies : les Arhuacos, les Kogis et les Kankuamos (environ 40 000 personnes) qui luttent pour survivre et défendre leur culture.


De là, nous allons à l’agence principale à 500m (pourquoi on ne nous y a pas envoyé directement… on se le demande encore). On y rejoint nos autres compagnons. Au final, nous avons notre guide José et un accompagnateur, Omar, deux hollandaises vivant à New-York, un américain, deux canadiens, une famille espagnole de 5 (les parents et leurs 3 filles colombiennes adoptées), une française, un anglais et nous. 16 personnes en route pour l’aventure !


Oui, enfin, pas tout de suite non plus : il faut encore gérer où laisser nos gros sacs (et où se les faire remettre : on devrait aller à Minca à la fin du trek mais on ne sait pas encore si on ira directement en revenant ou un peu plus tard), finir les formalités administratives, etc.


Nous partons avec nos petits sacs quechua. Dedans, nous avons deux tenues de rechange, un maillot, un essuie, trousse de toilette et de premier secours, nos sandales, le tout emballé dans des sacs plastiques.


Vers 10h, c’est le départ, en jeep : 1h30 de route et 1h de piste. Au début de la piste, on a droit a un super bracelet papier jaune pour signifier qu’on a bien payé… on sera heureux de le porter pendant tout le voyage...

Au pied du trek, on mange un bon repart de poulet, riz, patacones (bananes plantains écrasées et frites) et salades avant de réellement partir à 13h.. Enfin !

Petite Mise en situation : le site de la cité perdue est relativement protégé. Le prix est géré par le gouvernement et il n’y a qu’un nombre limité de personnes qui peuvent accéder au site (et donc, entamer la randonnée) chaque jour. Mais toutes ces personnes démarrent en même temps et se retrouvent plus ou moins aux mêmes endroits sur le chemin.


José nous explique le chemin : 30 minutes environ de plat, 1h30 de montée et 2h de montée descente. Le début est donc facile, la montée un peu moins, juste après le dîner et sous une chaleur étouffante, en plein après-midi. Le chemin n’est pas super joli. De plus qu’il y a pas mal de motos qui font le trajet sur cette partie (c’est quand même plus simple pour fournir le ravitaillement des différents campements, ensuite, il n’y aura plus que les mules). Il y a beaucoup de groupes différents qu’on recroisera encore et encore aux cours des prochains jours.

En haut, nous avons une pause pastèque qui fait vraiment du bien. Au milieu de la pause, évidemment, il se met à pleuvoir. Genre drache tropicale. Mais il faut se remettre en route, pas le choix...heureusement, Omar nous distribue des sacs poubelles pour protéger nos sacs de la pluie.

Le sol argileux, agréable par temps sec, se transforme vite en une véritable patinoire, ce qui augmente radicalement la difficulté du chemin, sans toutefois l’empêcher de devenir plus joli, et la randonnée prend soudain une autre dimension. C’est le premier jour, l’ambiance est bonne, on s’amuse de la situation, on glisse, on rigole, on fait la chaîne pour descendre les pistes glissantes. On tombe dans la boue, on fini trempés et trumpés (tout orange quoi).

A 16h30, trempés jusqu’aux os, nous arrivons à notre campement. Il y a des lits ! Ouf ! Juste à coté du campement, il y a une cascade dans laquelle nous pouvons aller nous baigner (mais pas trop sauter car c’est pas super profond). Puis il faut trouver un endroit où mettre sécher ses chaussures et ses vêtements, sans grand espoir vu l’humidité ambiante...Et puis après tout ça on devrait encore se mouiller pour prendre une douche en plus ??? Pfff...dure la vie...

Vers 18h, nous avons un souper bien copieux et puis au dodo : demain réveil à 5h du matin !

A l’aube du 2e jour, nous sommes réveillés dans le noir, comme prévu, à 5h du matin. Petit déjeuner « continental » .. du pain de mie, des œufs et des fruits.

Ensuite, il faut s’habiller, c’est-à-dire, remettre ses habits mouillés et surtout ses chaussures mouillées (ben non, elles n’ont pas séché ! Surprise !). Super agréable…

Départ à 6h pour 2h30 de marche, nous arrivons donc à 8h30 pour notre lieu de dîner. Le chemin était magnifique avec le beau levé de soleil dans la montagne et la brume qui s’élève vers le ciel (certes, pour mieux nous retomber dessus plus tard).

8h30 ? Dîner ? Un peu tôt non ? De fait, on ne va pas manger tout de suite. Il y a encore une cascade à explorer et où nager. En maillot et en sandales, nous nous y rendons (on peut enfin espérer faire sécher nos chaussures et habits!).


Il faut évidement traverser la rivière, juste avant la cascade. Et là... c’est le drame. Clara, pied nu, car elle ne voulait pas mouiller aussi ses sandales (quén bièsse ti !), pose son pied gauche sur une pierre glissante, son pied s’en va et son coup de pied atterri pile sur le tranchant d’une autre pierre malencontreusement positionnée là… Aïe Aïe Aïe !! Une belle coupure et un pied qui se met à doubler de volume. Heureusement, il y a a de l’eau froide tout près (faut bien rester positif). On rentre au campement en clopinant...l’ambiance n’est quand même pas au top top.

Et après un bon repas, pas le choix, il faut repartir. Clara remet, non sans peine, ses chaussures (un peu plus sèche). Le pied est douloureux à chaque pas, mais pas question d’abandonner ici ! Pour l’accompagner Pierre a bien mal au ventre. S’ensuit 1h de montée – descente et 1h de montée qui sera un véritable supplice pour Clara. Au sommet, nous avons une pause fruit bienvenue. La française du groupe, qui est aussi anesthésiste, conseille à Clara de prendre un paracétamol (qu’elle prendra) ainsi que de troquer ses chaussures de marches pour des sandales ouvertes (plus de frottement ni rien sur la plaie), même si c’est plus dangereux car le sol est grillant, boueux et pleins de pierres. Cela changera énormément la dernière partie du trajet pour Clara, qui pourra presque marcher normalement la dernière heure et demi.

Et sur le chemin, qui croise-t-on ? Hanna ! De Jardin ! (Qui faisait le chemin inverse). Comme quoi le monde est décidément bien petit !

Nous arriverons à notre campement vers 16h, sous la pluie. Il est possible d’aller nager mais il a encore plu l’après-midi et on est du coup déjà trempés et fatigués….c’est pas qu’on veut pas aller se refoutre dans la flotte hein… En fait si, on ne veut pas !

Vers 17h, les cuisinières qui nous suivent (enfin, qui ouvrent la voie quelques heures avant nous en courant pour nous préparer de bons repas), nous font la surprise de nous amener du pop-corn. Pour souper nous aurons du poulet aux lentilles pas mauvais du tout.

Avant d’aller se coucher, José soigne le pied de Clara à la manière ancienne : eau chaude (brûlante) et sel. Aïe heu.

Clara badigeonnera également sa plaie avec du « sang de dragon », c’est une résine d’arbre qui est désinfectante et cicatrisante (très cicatrisante), histoire de refermer la blessure au plus vite et de ne pas l’infecter. Un flacon qu’on avait acheté à...Tena, en Équateur.


Cette fois, nous n’avons pas de lit mais bien des hamacs. Ceux-ci sont bien grands et confortables ..mais ça reste des hamacs… ça ne s’annonce pas terrible terrible comme « nuit de sommeil réparatrice ». A 20h, tout le monde est dans son hamac, le sommeil venant ou ne venant pas selon les personnes...Et c’est quand on a enfin trouvé sa petite position confortable, au petit matin, qu’il faut se lever et s’activer (dure la vie, on vous disait!)

Le troisième jour, c’est le grand jour, celui où on monte vers la Cité perdue. Nous nous levons après une bonne nuit sans trop de sommeil. Nous partons encore une fois à 6h du matin. Nous marchons, 1h le long d’une rivière que nous traversons également 2 fois à pieds dans l’eau (eau jusqu’aux hanches). Grace au paracétamol, Clara tient le coup mais continue de marcher en sandales (cette portion est clairement un aller-retour dans la matinée, on a donc pu laisser une partie de nos affaires au campement).

Après cette heure de marche, nous arrivons au pied des 1200 marches de la cité perdue, après avoir dépassé le campement des autres groupes, qui s’étaient un peu plus avancé la veille au soir (sous la pluie et nos regards amusés) mais qui du coup avaient moins à marcher pour aller jusqu’à la cité perdue le jour même.


Et c’est parti pour la montée ! 1.200 marches, ça paraît beaucoup comme ça, mais il faut dire que les marches sont très inégales et qu’il y en a des toutes petites. Ça reste faisable, même pour le petit peuton abîmé de Clara. Par contre, ce qu’il faut à présent prendre en compte, ce sont les défenses naturelles du site : les moustiques !! C’est pas un ou deux, ce sont des nuées de moustiques qui s’attaquent à chaque partie découverte de notre anatomie...Clara ne leur suffit même plus et ainsi s’en fut l’anti-moustique naturel de Pierre (Bon, si jamais la rédaction n’était pas suffisamment claire : quand il y a un moustique quelque part, c’est sûr, il va rendre visite à Clara, laissant souvent Pierre ou les autres personnes au sang moins goûtu tranquilles).

Pierre arrive en haut dans les premiers du groupe (mais pas les premiers de la journée, d’autres groupes sont là avant nous) et peut donc attendre l’arrivée de tout le monde en essayant de se protéger tant bien que mal des moustiques.


Le site est impressionnant, très bien conservé (comme dit plus haut, il sert encore lors de cérémonies locales).

Après avoir laissé cérémonieusement nos énergies négatives dans la poubelles à malas ondas à l’entrée du site, José nous fait la visite du site, composé entre autres de plusieurs cercles sacrés, chacun destiné à soigner un type de plante/animal/élément. Le site est également réparti entre les différentes ethnies évoquées plus haut, chacune s’en voyant attribué une partie.


On l’appelle la cité perdue mais en fait elle s’appelle « Teyrona » et elle n’est pas perdue du tout. Le site est toujours utilisé aujourd’hui comme lieu sacré et n’a jamais vraiment été abandonné (seulement caché pour les envahisseurs).

Lorsque l’on demande à notre guide si en tant que Wiwa ça ne le gène pas de voir autant de touristes venir tous les jours, il nous répond qu’il est aussi colombien et que du coup, l’argent efface tout….

Et puis c’est l’heure du 10h. Quoi de plus naturel, donc, dans un site sacré comme celui-là, que de nous concocter un snack chips et oréos ? On vous le demande ! Mais la vue est sympa.


On aura encore droit à une description des cérémonies de mariages chez les wiwas (en bref, pour la partie intéressante, quand tu veux te marier, tu dois passer 3 jours et 3 nuits sans dormir dans une hutte en prenant des bains d’eau glacée régulièrement...puis tu dois être initié à la « chose » par une femme expérimentée du village (ou un homme expérimenté)...pendant le temps qu’il faut…). Et après tu peux pratiquer avec madame/monsieur :-).


Retour par le même chemin (assez casse gueule quand même de redescendre toutes ces marches) jusqu’à notre campement de la nuit d’avant où nous attend un dîner pâtes. Puis en route (sous la pluie, de nouveau) vers le campement où l’on a mangé le midi d’avant (et où Clara s’est abîmé le pied). La route est quand même pénible pour Clara mais on y arrive quand même pas trop tard.


On est crevés, mouillés de transpiration et de pluie. Aucun vêtement n’est sec. Les chaussures sont trempées. On s’est fait défoncer par les moustiques. N’en jetez plus : on fera le trek en 4 jours et non en 5 ! Nos sacs nous seront amenés mais on ne sait toujours pas si on va directement à Minca, où, croit-on, une super chambre nous attend le soir du 5e jour, ou si on va passer une journée à Santa Marta.


Au campement, c’est souper, papote, cascade pour ceux qui veulent (nous, on a déjà donné) et soirée explication des « us et coutumes chez les wiwas » avec, notamment, les détails (pas tous rassurez-vous), du mariage de José (notre guide).


Le lendemain, c’est notre dernier jour, la dernière ligne droite, celle où on pourra dire temporairement « fuck » aux moustique !


Petit dej puis départ à 6h30. La nuit a été difficile, le campement n’est pas tres grand mais nous étions 3 groupes. Avec des heures de départ différent. Les premiers se sont levé à 4h sans vraiment d’intérêt pour ceux qui pouvaient encore dormir 2h. Et oui, pour le dernier jour on pouvait se lever « tard ». Raté.

Deux heures de marche, une grosse montée, une pause biscuit jus de pastèque là où on a dormi la première nuit. Puis c’est reparti pour 3h de marche, une en montée, deux en descente pour finalement arriver à 12h15, 45 minutes après les premiers mais 1h avant les derniers.

Finalement, le trek est tout à fait faisable pour tout un chacun, la difficulté étant principalement l’humidité et les moustiques (et la pluie s’il échet), et les blessures au pied.


Après un dîner au poulet et au riz et aux frijoles, en route pour Santa Marta. On est trop crevés, on a décidé de ne pas aller directement à Minca et...justement...au moment d’ouvrir le téléphone pour réserver au rua hostel, de qui voilà ti pas qu’on a un message ? De notre cher ami Marcounet de Trujillo ! Et il est où notre cher ami Marcounet de Trujillo ?? Il est à Santa Marta ! Et il loge où ? Au Rua ! Bam bam bam ! Ben du coup, Marc, fait la réservation pour nous et nous on arrive pèpère, un gin tonic chargé au bord de la piscine, un petit souper dans une ruelle de Santa Marta (où on recroisera les québecois sympas)...on récupérera pas trop mal.


On a également l’occasion de passer par une laverie. Qu’est ce que c’est bien d’avoir des habits propres ! Pour la petite histoire, on avait déposé nos habits sales sans trop les compter. Le lendemain, on trouve ça quand même bizarre que nos sacs soit si peu remplit. En y regardant de plus près, on constate qu’il manque l’une ou l’autre chose. Pierre va donc à la laverie réclamer et là s’ensuivent plusieurs minutes interminables de fouille et recherche et coups de fil...Finalement, un sac revient d’un autre hostel...Il nous manquait en fait la moitié de nos vêtements. On sera un peu plus observateurs les prochaines fois et on les comptera, nos habits !! Finalement on est content et on a tout récupéré.

On doit se séparer de Marc le lendemain, lui s’en va pour le Parc Tayrona, nous pour Minca, où notre super chambre nous attend (mais en est-il vraiment ainsi ?). Mais rendez-vous est pris pour faire le désert de la Guajira ensemble !


Mais ça, ce sera pour le prochain épisode.